Bonjour à toutes et à tous,

Depuis  plusieurs années et après 40 années à se déployer dans le monde entier,  la pleine conscience semble rencontrer moins d’adeptes. Nous constatons  moins de participants les retraites, dans les programmes basés sur la  PC, un peu partout sur la planète.

De  nombreuses hypothèses sont envisagées. Les conséquences du Covid, des  confinements. Les crises économiques, les préoccupations liées au  conflits géopolitique et au dérèglement climatique.

Et  aussi nous aurions pu imaginer que la souffrance générée par ces  éléments augmente le besoin de méditer et la fréquentation des groupes.  Les deux aspects cohabitent certainement dans une danse que je ne comprends pas encore !

D’autre  personnes nous parlent du cycle naturel de la vie d’une approche, un  produit…Une vision marketing en quelques sortes. Que la pleine conscience serait dans le creux de fréquentation. La courbe remonterait bientôt pour trouver un rythme de croisière. Peu-être !

Je  reste personnellement attentif à tout cela sans fixer mon esprit une  explication particulière. Je tente en fait d’appliquer la pleine conscience dans cette situation : faire attention, prendre conscience,  agir, ajuster, encore et encore.

Deux visions de la pleine conscience

Alors  ce que je vois, c’est une dissonance entre ce que je rencontre dans ma  propre pratique ou encore les témoignages des partcipant.e.s et ce que  le grand public a comme représentation de la cette pratique, certainement orientée par la façon dont les médias en parlent et dont  nous en faisons collectivement le relais, comment notre société s’est  emparé du sujet.

D’un côté la pleine conscience est vue comme une méthode de bien-être,  une façon de faire disparaitre nos problèmes quotidiens, de se  détendre, d’aller mieux. C’est un peu la sortie cinéma des années 2010-2020. « Tu n’as pas le moral ? Fais-toi un bon ciné, ça ira mieux » Non pas que cela ne puisse pas adoucir notre vie, mais c’est l’approche  qui ne fonctionne pas : d’abord chercher à faire disparaitre ce qui  cloche, ce qui est inconfortable.

D’un autre côté, la pleine conscience vécue comme une voie, un chemin de compréhension,  de (r)éveil à que nous sommes en tant qu’humain.e. Une voie qui nous  invite à vivre totalement notre vie dans l’instant pour la rencontrer  d’abord telle qu’elle est. Ensuite alors à partir de cette expérience  plus intime avec la réalité, apparaissent les alternatives de douceur  dans notre quotidien.

Alors la méditation est-elle donc vraiment et uniquement ce que nous lisons d’elle ?

De mon point de vue, NON !

  • Non, ce n’est pas de la relaxation
  • Non ce n’est pas un pansement
  • Non, ce n’est pas toujours agréable
  • Non, cela ne réduit pas stricto-sensu la souffrance humaine
  • Non, ce n’est pas la pullule miracle
  • Non, cela ne nous transporte pas dans le monde des Bisounours !

De  mon point de vue encore, la pleine conscience est profonde, très  profonde, à de multiples égards, difficile (impossible ?) à décrire avec  des mots (mais je tente quand même) !

  • Oui il y a dans la pratique des bénéfices réels documentés par 45 années de recherche et plus de 20 000 publications scientifiques.
  • Oui la méditation est issue d’un mariage délicieux entre les pratiques  contemplatives et sagesses ancestrales d’une part et les sciences  contemporaines d’autre part,
  • Oui la pratique est une magnifique histoire d’amour avec nous-même, le monde et la vie
  • Oui il s’agit d’apprendre à embrasser totalement chaque moment et découvrir  notre capacité à les traverser avec équilibre qu’il soit jugé agréable,  désagréable ou neutre
  • Oui cette pratique ouvre notre vie à plus de joie, d’équilibre et compassion
  • Oui il s’agit d’une voie vers le déconditionnement et la liberté
  • Oui il s’agit de devenir pleinement humain.e et d’œuvrer pour un monde plus juste

Alors  je fais le vœux que nous soyons nombreux à nous ouvrir à cette  dimension profonde et universelle de la pleine conscience, à nous  engager dans la pratique avec tendresse et passion pour prendre soin de  nous puis prendre soin du monde.

A mes yeux cela pourrait (devrait) être au cœur de notre projet de société, d’humanité.

A très bientôt.

Emmanuel