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C’est la rentrée : je ne veux pas retourner travailler !

Dans une conversation légère avec des amis à l’approche de la rentrée, une personne a prononcé avec honnêteté, un soupçon d’autodérision et à la façon d’un enfant qui ne veut pas sortir du lit pour aller à l’école : « c’est la rentrée, je ne veux pas retourner au travail ».

Puis de compléter avec sagesse : « c’est fou, il y a une semaine, je ne voulais plus être en vacances dans ce camping trop bruyant où il faisait trop chaud. Je voulais être de retour chez moi et retrouver mes collègues de travail, et maintenant, je ne veux pas retourner travailler ! » et concluant son analyse par un « y a toujours quelque chose qui ne va pas, en fait, quelque chose qui gratte et qui m’empêche de trouver le bonheur ».

J’imagine que cela vous parle, en tout cas, ici dans mon expérience ça parle bien.

Ce « quelque chose qui gratte » est une constante de la pensée, de la condition humaine, de Bouddha à Freud en passant par Épicure. Cette insatisfaction permanente est parfois aussi nommée : « soif », « manque », « souffrance ».

Épicure utilisant même la métaphore du vase poreux pour imager la source de nos malheurs :

« Il comprit (…) que le mal venait du vase même.

Dont le défaut gâtait de l’intérieur toute chose, 

Tout apport extérieur, fût-ce le plus précieux.

Il lui apparaissait poreux et fissuré, 

Incapable de se remplir d’aucune manière. »

Selon la psychologie bouddhiste, ceci est considérée comme « la première noble vérité ». Nous pourrions ici traduire librement cela comme un « élément de la nature humaine (la psyché) tellement important qu’il est identifié comme la première vérité à prendre en compte pour comprendre l’humanité. »

L’insatisfaction est omniprésente vu de l’expérience humaine. Il y a toujours un truc qui ne me va pas, qui gratte, que je voudrais voir différent. Parfois intense, parfois plus légère.

Dans la « psychologie populaire contemporaine » (qui n’existe pas), cela pourrait être nommé par « voir la bouteille à moitié vide » ;-).

On en veut toujours un peu plus. L’ado qui veut le dernier smarth phone, un peu plus de like ou de followers sur son profil, un adulte insatisfait du modèle de sa voiture ou de la couleur de la peinture du séjour, ou de sa silhouette, …

Alors la psychologie bouddhiste voit de la valeur, de la noblesse dans le fait de voir, de reconnaitre clairement cette composante de notre mode de fonctionnement, de notre biologie. Il s’agit comme d’un filtre biologique qui fait qu’il y a quelques choses qui coince dans notre expérience et que cela se met en travers du chemin vers le bonheur durable.

Fait intéressant, il y a 3 autres nobles vérités. Bonne nouvelle 😉

Pour synthétiser (si cela était possible) la teneur de ce que je retiens des 3 autres, je pourrais nommer que nous connaissons la cause de cette insatisfaction omniprésente et qu’il existe une porte de sortie !

La porte de sortie peut être ici nommée de façon schématique : apprendre à faire attention pour remarquer cette insatisfaction lorsqu’elle est présente en soi, dans l’instant et vérifier quelques éléments :

  • Est-elle légitime ?
  • A t-elle du sens ?
  • Est-ce que cela coince vraiment dans cet instant ?
  • Est-ce vraiment insupportable ? Est-ce « co-habitable » ?
  • Y a-t-il aussi d’autres choses maintenant ? Des belles et douces choses ?

C’est ce que nous faisons lorsque nous pratiquons la méditation de pleine conscience dans les programmes MBSR, les retraites, les séances hebdomadaires, …Nous apprenons à remarquer ce qui se passe dans le moment présent. Lorsque c’est le cas, nous constatons la présence de cette insatisfaction.

Alors en cette veille de rentrée, je constate cette insatisfaction à retourner au boulot. Finalement c’est assez normal et légitime pour un être humain de préférer ne pas avoir de contraintes horaires, d’être en nature, avec des gens que proche de mon cœur, de lire, de jouer avec nos enfants, …

 

  • Et aussi on peut remarquer avec cette plus grande attention que ce n’est peut-être pas notre première rentrée et que nous avons survécus
  • Et aussi pouvons-nous constater la chance d’avoir un métier qui contribue à subvenir à nos besoins primaires et ceux de nos proches,
  • Et aussi que ce métier nous a permis de belles rencontres, de riches apprentissages, …
  • Et aussi peut être n’est-ce pas le cas et alors en prendre conscience plus directement peut permettre une plus grande lucidité pour la suite de notre vie professionnelle.

Nous voyons ici la force de l’attention, de la présence à ce qui nous arrive dans le moment et en quoi nous pouvons cultiver plus de liberté face à des conditionnements biologiques.

Alors nous serions ravis d’entendre vos retours, vos commentaires et de vous croiser lors d’un des moments de pratique à venir : Programmes MBSR, MECL, Retraite, Conférence, …

Alors bonne rentrée 😉

Emmanuel