De Juin à Septembre 2018, une étude a été lancée pour analyser les effets du programme MBSR. 771 personnes ont répondu à notre questionnaire : 501 « diplômés » d’un programme MBSR, dans les Hauts de France et la région Parisienne, et 270 personnes n’ayant jamais suivi de programme (notre échantillon de contrôle).

Dans cet article, nous vous révélons les premiers résultats de cette enquête ; d’autres résultats plus complets sont soumis à des journaux scientifiques, et seront communiqués au réseau suite à leurs publications : ils concerneront notamment l’impacte sur l’éthique et l’équilibre « vie perso-vie pro »…

La première question – toute naturelle – que l’on peut se poser, consiste à se demander si suivre un programme MBSR améliore bien notre niveau de pleine conscience. Et bien rassurons-nous, c’est bien le cas ! Il existe une échelle pour mesurée le niveau de pleine conscience individuelle : il s’agit de l’échelle dite « MAAS » (Mindfulness Attention and Awareness Scale) qui a été développée en 2003 par les chercheurs Brown et Ryan. Elle se décompose en 15 questions, à l’issue desquelles chacun peut obtenir son « score » de pleine conscience. Sur notre échantillon, le score des diplômés d’un programme MBSR atteint 4,57/5, quand celui de notre échantillon de contrôle est de 4,07/5. Ouf, nous n’avons pas fait tous ces efforts pour rien

Cette échelle MAAS qui s’intéresse à l’attention ne constitue qu’un premier regard modeste sur ce que nous pourrions nommer le niveau d’attention. D’autres échelles complèterons les travaux pour identifier le niveau d’utilisation de cette attention en terme de non réactivité ou de non jugement. Des indicateurs plus fins sur les bénéfices apportés par la pleine conscience. [1]

Suite au programme MBSR, il est parfois difficile de s’engager dans une pratique régulière. Nous avons donc demandé à nos répondants à quelle fréquence ils pratiquaient.
Pour 31% d’entre eux, la pratique est quotidienne, et 42% des répondants pratiquent plusieurs fois par semaine. Seuls 4% des répondants ne pratiquent plus. Bien entendu ces résultats sont certainement biaisés par le fait que les personnes qui ont pris le temps de répondre au questionnaire étaient certainement les plus investis dans la pratique, mais ce taux de 73% de personnes pratiquant la pleine conscience plusieurs fois par semaine reste très encourageant !

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D’autant plus que l’ancienneté dans la pratique ne joue que très peu : dans notre échantillon, les personnes qui ont suivi le programme entre 2009 et 2014 sont plus nombreux à pratiquer tous les jours que ceux qui l’ont suivi après 2014 ! Encore plus encourageant : plus on pratique, plus on améliore son score de pleine conscience, qui atteint 4,74/5 pour les pratiquants journaliers, contre 4,4/5 pour ceux qui ne pratiquent plus.

Un dernier résultat intéressant de notre étude : l’impact des journées en silence. Dans notre échantillon de « diplômés » MBSR, 14 personnes ont assisté à plus de 10 journées en silence ! Et bien leur en a pris : ce sont eux qui ont le niveau de pleine conscience le plus élevé : 4,93/5 !

Nous profitons de ce premier article pour remercier très chaleureusement tous les répondants et les personnes qui ont contribué à diffuser le questionnaire 😉 D’autres résultats de cette première enquête vous seront communiqués une fois les publications correspondantes rendues publiques, et avec votre aide, nous continuerons à faire progresser la recherche sur la pleine conscience.

Carole Daniel, professeure à SKEMA B.S., Elodie Gentina, professeure à l’IESEG, Emmanuel Faure, instructeur MBSR, MBSR-Lille, La 8ème Semaine

[1] Quelques éléments sur les échelles de mesure pour les curieux: https://www.centrepleineconscience.fr/psychotherapie-tcc-act-mbsr/mesure-echelles-psychologiques-de-pleine-conscience