On n’a pas le choix ! Alors on fait quoi ?

Confinement ou pas ? Vaccin ou pas ? Couvre-feu ou pas ? Vacances ? Écoles ? Télétravail ? Sport ?

La liste est longue et pourrait l’être encore plus si nous la rédigions ensemble. Une liste des choses qui sont incertaines et sur lesquelles nous n’avons que peu ou même pas du tout de pouvoir ou d’influence. Quoi de plus difficile de ne pas savoir, de ne pas connaitre l’organisation des prochaines semaines, pour soi, pour ses proches, ses enfants, pour ses activités professionnelles ou associatives ? Sans compter l’incertitude autour de notre santé, celle des personnes qui nous entourent ou encore l’éco-anxiété (anxiété liée à la dégradation de la planète).

“ Si le problème a une solution, il ne sert à rien de s’inquiéter. Mais s’il n’en a pas, alors s’inquiéter ne change rien.” Proverbe Tibétain.

Sébastien Bolher nous explique dans son livre « Le Bug Humain » que notre espèce a survécu notamment parce que nous avons fait de l’incertitude notre ennemi. Tout au moins, que nous avons développé des stratégies complexes (neuronale, comportementale, biologique) pour la réduire à son minimum. Pour nos ancêtres nomades, quoi de plus important, dans un monde d’une hostilité effrayante, d’analyser à chaque instant ce que les prochaines secondes vont nous offrir et d’en minimiser l’incertitude pour maximiser notre sécurité et notre survie.

Alors si le prédateur part à droite, je pars à gauche, sinon, je simule l’attaque, je montre les crocs. S’il n’y a plus de baies dans cet arbuste alors je vais en chercher dans la vallée d’à côté. Si le gibier se fait rare dans cette plaine, alors, il faut agir, se déplacer pour trouver un nouveau garde-manger, alors « go » c’est parti, on fonce, mon estomac décide, ma survie décide, et c’est bien légitime non ? Sans cela, vous ne pourriez lire ses lignes ;-).

Une machine, une œuvre complexe à réduire l’inconnu ! 

Il semblerait même que notre biologie même soit orientée, ait évolué pour servir cette réduction entre l’inconnu et le connu et ainsi constituer une partie de notre dispositif d’adaptation et de survie en tant qu’individu et en tant qu’espèce. Notre capacité à recueillir de l’information sur notre environnement avec nos sens, cette faculté à construire du sens, des significations, des histoires avec nos sens (pas besoin de regarder 10 minutes un ours ou un tigre aux dents de sabre pour comprendre qu’il s’agit d’un prédateur), la mémoire, la projection dans le futur (modéliser, simuler les prochaines minutes…) …

La résilience expliquée par la science.

La science nous montre que le fait de s’arrêter, de se poser en conscience aurait des impacts sur tout cette mécanique de réactivité qui n’est peut-être plus totalement opportune. Les circonstances ont changé. A titre d’exemple, notre espérance de vie est passée de 25 à 80 ans en simplement 250 années[1].

Il semble que la méditation de pleine conscience occasionne une « bascule » du système nerveux sympathique au système nerveux parasympathique (par une activation accrue du cortex insulaire dans notre cerveaux)[2]. Autrement dit, un des centres de commande de notre réactivé à l’incertitude est destitué pour rendre un peu plus de pouvoir à la raison, à la lucidité et au discernement. Au passage, notre métabolisme s’en porte mieux (relâchement, sentiment d’aise…) et nos comportements avec les autres et le monde incarnent plus de bienveillance et de respect.

Nous pourrions alors dans cette période remplie d’incertitudes prendre le temps de s’arrêter, rencontrer l’homo-sapiens qui vit l’intérieur, nous ancrer dans la présence à notre souffle, à notre corps, à notre expérience et alors trouver plus de calme, de ressources pour agir là où c’est possible et opportun.

Prenez soin de vous puis du monde.

Emmanuel

[1] https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/graphiques-cartes/graphiques-interpretes/esperance-vie-france/

[2] https://www.association-mindfulness.org/mindfulness-et-science.php